Encyclopaedia Pagana
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L'écriture est la représentation sous forme graphique d'une langue, qui par nature est orale. Elle se distingue de la communication symbolique en cela qu'il faut avoir des notions de la langue représentée pour comprendre les symboles écrits ; ainsi, un panneau de signalisation routière n'est pas une forme d'écriture, puisque n'importe qui peut les comprendre, sans la moindre connaissance de la langue du pays. Pour avoir une écriture, il faut :

  • Un ensemble de symboles de base, appelés de manière générale graphèmes, ou plus spécifiquement à un système lettres, glyphes, caractères, symboles, etc. Quand deux symboles légèrement différents en forme ne sont pas considérés comme distincts (en grec σ et ς), on les appelle des allomorphes.
  • Des règles définissant comment ordonner ces symboles entre eux de manière à représenter la langue voulue, c'est l'orthographe.
  • Un langage qui soit représenté, et que l'on pourra retrouver à la lecture des graphèmes.

Une écriture est dite complète si on peut représenter n'importe quel discours dans la langue voulue avec son système, ce discours transcrit s'appelle un texte. Il existe de nombreux types d'écriture, qui se sont développés au cours de l'histoire, mais l'Europe compte essentiellement des alphabets.

Types de systèmes d'écriture[]

On distingue principalement trois types d'écritures, selon que le graphème représente un morphème (une unité de sens), une syllabe, ou un phonème (une unité de son).

Système logographique[]

Un système logographique utilise des symboles représentant chacun une unité de sens, sans qu'on puisse généralement en deviner la prononciation, des logogrammes. Un système logographique peut donc théoriquement être utilisé pour noter plusieurs langues différentes, mais dans la pratique, il faut que ces langues soient grammaticalement assez proches : le japonais a globalement repris les système des hanzi chinois, mais a également besoin d'un syllabaire pour noter toutes les fonctions grammaticales qui sont absentes en chinois.

Certains systèmes utilisent des pictogrammes, c'est à dire des dessins simplifiés de la réalité. A vrai dire, le seul système à être majoritairement pictographique est l'écriture dongba, en Chine.

Dongba

Quand un logogramme représente une idée abstraite, il est appelé idéogramme. Ainsi, souvent, un système logographique est un mélange de ces trois types de graphème, c'est le cas des hanzi chinois.

Ce système présente le gros inconvénient de nécessiter beaucoup de symboles, et de ne pas indiquer la prononciation. Ainsi se développent des systèmes permettant d'indiquer au moins en partie la prononciation :

  • Un grand nombre de hanzi sont composés d'une partie indiquant le sens, et d'une autre indiquant la prononciation.
  • Les hiéroglyphes utilisent un grand nombre de symboles indiquant la prononciation, indifféremment de la signification propre des dits symboles.

Les syllabaires[]

Quand un système note chaque syllabe d'une langue à l'aide d'un caractère, il est appelé syllabaire. Habituellement, deux symboles notant un son proche (ka et ke) sont très différenciés. Ce type de système ne peut être utilisé généralement que pour noter une langue qui alterne consonne et voyelles (un syllabaire pour noter le français ou le russe, ce serait l'horreur). L'exemple le plus connu sont les syllabaires japonais, les kanas.

Certains systèmes ont un caractère pour noter une consonne suivie d'une certaine voyelle (ka), et des diacritiques pour noter la voyelle si elle est différente de la voyelle de base (ke = ka + e). On les appelle de ce fait des alphasyllabaires, comme par exemple le devanagari utilisé pour noter le sanskrit.

Les alphabets[]

Dans un alphabet, chaque caractère note un phonème, voire, il faut parfois plusieurs caractères pour noter un seul phonème (eau en français). Un alphabet peut étendre ses possibilité de représentation sans vraiment augmenter le nombre de graphèmes, en faisant l'usage de diacritiques : au seul caractère e, on peut ajouter nombre de diacritiques, é, è, ê, ë, chaque caractère ainsi formé pouvant représenter un son différent si nécessaire.

Certains alphabets ne notent presque que les consonnes, les voyelles n'étant qu'éventuellement représentées à l'aide de diacritiques. La plupart d'entre eux sert à noter des langues sémitiques, c'est pourquoi on leur a donné un nom à consonance arabe : des abjads.

Les systèmes complexes[]

Certains systèmes sont plus complexes : le hangeul coréen en est un exemple parfait. Le hangeul possède des caractères de base de type alphabétique, notant une consonne ou une voyelle, mais qui sont eux-mêmes dessinés selon des critères phonétiques de base (toutes les consonnes dentales se ressemblent, par exemple). Ces caractères de base sont réunis avec une consonne, une voyelle, et éventuellement une deuxième consonne pour former des caractères complexes notant une syllabe. Ces caractères sont mis ensemble pour écrire des mots. Complexe, donc ...

Histoire de l'écriture[]

L'écriture a une histoire complexe due au fait que l'on ne sait pas exactement où ni quand elle apparaît, et que de nombreux système ont cohabité et se sont développés indépendamment.

Les proto-écritures[]

Avant les premières formes de véritable écriture existaient des formes de proto-écriture, c'est à dire des ensembles de caractères, qui ne remplissaient pas tous les critères pour être considérés comme des systèmes d'écriture, mais servaient déjà de mnémonique à la parole. Quant à savoir si ces symboles étaient vraiment plus que de l'art abstrait, et s'il y a continuité entre ces systèmes et les premiers systèmes d'écriture, cela fait débat entre spécialistes pour chacun d'entre eux. Voici quelques exemples de proto-écritures :

  • Les signes de Vinča, découverts en Roumanie, et datés d'entre le septième et le cinquième millénaire avant l'ère commune.
  • Les symboles de Jiahu, découverts en Chine sur des objets du septième millénaire avant l'ère commune. Il pourraient être à l'origine des premières formes d'écriture chinoises.
  • Les quipus incas étaient peut-être aussi une forme de proto-écriture.

Les premières formes d'écriture à travers le monde[]

Chaque région du globe a développé des formes d'écriture de manière indépendante. Les principales sont les suivantes :

  • En Mésopotamie apparaît vers 3000 AEC un système d'écriture bien développé appelé écriture cunéiforme. Elle est appelée ainsi parce que ses symboles ressemblent à des assemblages de clous. On pense que l'écriture s'est développée pour les besoins du commerce : les marchands quand ils passaient un contrat mettaient des petits cônes, ronds, cubes, etc ... symbolisant la marchandise échangée dans des boules de terre cuite, à raison d'un machin par exemplaire de l'objet vendu ; sur cette boule, on inscrivait avec des petits symboles les termes du contrat, pour s'en souvenir ; en cas de litige, on cassait la boule, et on vérifiait de visu. Le passage à l'écriture se serait fait en se passant des machins dans la boule, et en n'utilisant plus que les symboles sur un bout d'argile. Ce système, utilisé à la base pour noter le sumérien, s'est ensuite étendu à l'akkadien, puis au hittite et au vieux perse, entre autres.
  • A peu près au même moment naît en Égypte le système des hiéroglyphes. Celui-ci est plus complexe que les cunéiformes, et plus "réaliste" dans ses symboles. Il s'est très peu diffusé du fait du caractère magique que ses utilisateurs lui prêtaient. Une forme simplifiée des hiéroglyphe a cependant donné l'alphabet proto-sinaïtique, qui est à l'origine de l'essentiel des systèmes d'écriture utilisés de nos jours.
  • En Chine se développe au seizième siècle AEC un système d'écriture qu'on appelle l'écriture des oracles sur écailles de tortue, faute de mieux, qui est à l'origine des hanzis chinois actuels, des kanjis japonais, et de quelques autres systèmes d'Asie Orientale.
  • En Méso-Amérique, les Mayas ont inventé un système d'écriture avec des glyphes extrêmement complexes.
  • En Océanie, sur l'île de Pâques, on a découvert de nombreuses tablettes couvertes de symboles appelés rongo-rongo qui pourraient être le seule forme d'écriture autochtone d'Océanie. Elle n'a pas encore été déchiffrée.

La naissance des alphabets[]

Les premières formes d'écriture purement abjad apparaissent vraisemblablement vers 2000 AEC en Égypte centrale. Là, des Égyptiens auraient essayé d'apprendre les rudiments de leur écriture à leurs ouvriers sémites, en commençant par les symboles servant à noter une seule consonne. Ainsi, ils auraient expliqué par exemple que le symbole Hiero O1 représente une maison (par en égyptien) et sert donc à écrire le son /p/. Les sémites se seraient alors dit, c'est pas bête, on va faire pareil ! Alors, Hiero O1 c'est une maison, bayt, on va s'en servir pour écrire /b/. Ainsi de suite jusqu'à être capable de noter tous les sons de leur langue. Ces premiers abjads, car il y a eu plusieurs créations parallèles, sont appelés alphabets de l'âge du bronze moyen, faute de mieux. Quasiment tous les alphabets et abjads du monde descendent de ces système, au moins par inspiration. En voici un exemple, où est écrit mt l bclt, vous pourrez reconnaître le signe notant /b/, à peu près au milieu. Ba`alat

Les systèmes d'écriture en Europe[]

Par systèmes d'écriture en Europe, on comprendra tous les systèmes historiquement attestés en Europe à la période qui nous intéresse, même s'ils ne sont plus usités de nos jours.

Les systèmes alphabétiques[]

Ces systèmes descendent tous sauf un des alphabets de l'âge du bronze moyen. Ce sont pour les principaux :

  • L'alphabet phénicien
  • L'alphabet géorgien
  • L'alphabet de l'Orkhon et les runes hongroises
  • L'alphabet arabe
  • Les alphabets anatoliens
  • L'alphabet grec
  • L'alphabet étrusque et les alphabets nord-italiens
  • L'alphabet latin
  • Le futhark
  • L'alphabet gréco-ibère
  • L'alphabet arménien
  • L'alphabet gotique
  • L'alphabet glagolitique et l'alphabet cyrillique
  • Les oghams, seul alphabet qui ne descende pas des alphabets de l'âge du bronze moyen en Europe.

Les syllabaires[]

Il en existe très peu, et ils sont assez localisés :

  • Les syllabaires ibères
  • Le linéaire A
  • le linéaire B
  • le linéaire C et le syllabaire chypriote

Autres systèmes[]

Il existait en Crète avant le linéaire A des systèmes d'écriture de type hiéroglyphique.

L'API[]

Les systèmes d'écriture du monde entier utilisent tous des standards différents pour noter des sons identiques. Afin de faciliter le travail des linguistes a été inventé en 1888 l'alphabet phonétique international, qui comme son nom l'indique est un alphabet, et permet grâce à de nombreuses diacritiques et à des symboles empruntés à plusieurs alphabets (latin, grec, futhark, ...) de noter tous les sons produisibles par les organes phonatoire humains. Ainsi, toute langue peut s'écrire avec l'API qui reproduira fidèlement sa phonologie.

Principales sources[]

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