Encyclopaedia Pagana
Advertisement
La-martyre ankou

Ankou de l'église de La Martyre, Finistère

En Bretagne, Passeur des âmes vers le grand Océan de l'Ouest, l'Ankou (an Ankoù en breton) attend dans sa Barque de Nuit les âmes des trépassés (an anaon).

Origine[]

Appartenant au folklore traditionnel breton, l'Ankou semble être une rémanence du polythéisme celtique, et plus précisément du Dieu-père en charge de la perpétration des cycles des saisons, du jour et de la nuit, ainsi que des naissances et de la mort. Bien qu'on l'affuble désormais d'une pique ou d'une faux, son arme de prédilection est le mell benniget, maillet béni, le rapprochant du dieu gaulois Sucellos, de l'irlandais Eochaid Ollathair (le Dagda , lesquels ont aussi pour attribut un maillet ou une massue avec lesquels ils donnent et prennent la vie. L'Ankou est l'incarnation panbrittonique de cette fonction et est également présent dans les folklores gallois (sous le nom d'Anghau) et corniques (Ancow). Au fil du temps, il a vu sa fonction initiale se réduire à celle d'auxiliaire de la Mort[1].

Description[]

WikipediA

Cette section reprend totalement ou en partie, du contenu provenant de Wikipédia francophone. La page d‘origine se trouvait à l'adresse Ankou. La liste des auteurs est accessible dans l‘historique de la page. Comme sur Encyclopaedia Pagana, le texte de Wikipédia est disponible sous la licence de documentation libre GNU.


Il ne représente pas la Mort en elle-même, mais son serviteur : son rôle est de collecter dans sa charrette grinçante (karr an Ankoù, karrigell an Ankoù, karrik an Ankoù) les âmes des défunts récents. Remplissant ainsi un rôle de "passeur d'âmes", l'Ankou est à considérer comme une entité psychopompe. Lorsqu'un vivant entend le bruit de la charrette (wig ha wag !), c'est qu'il (ou selon une autre version, quelqu'un de son entourage) ne va pas tarder à passer de vie à trépas. On dit aussi que celui qui aperçoit l'Ankou meurt dans l'année.

Voici comment le décrit Anatole Le Braz dans son recueil de légendes La Légende de la Mort :

« L'Ankou est l'ouvrier de la mort (oberour ar maro). Le dernier mort de l'année, dans chaque paroisse, devient l'Ankou de cette paroisse pour l'année suivante. Quand il y a eu, dans l'année, plus de décès que d'habitude, on dit en parlant de l'Ankou en fonction :

- War ma fé, heman zo eun Anko drouk. (Sur ma foi, celui-ci est un Ankou méchant.)

On dépeint l'Ankou, tantôt comme un homme très grand et très maigre, les cheveux longs et blancs, la figure ombragée d'un large feutre; tantôt sous la forme d'un squelette drapé d'un linceul, et dont la tête vire sans cesse au haut de la colonne vertébrale, ainsi qu'une girouette autour de sa tige de fer, afin qu'il puisse embrasser d'un seul coup d'oeil toute la région qu'il a mission de parcourir.

Dans l'un et l'autre cas, il tient à la main une faux. Celle-ci diffère des faux ordinaires, en ce qu'elle a le tranchant tourné en dehors. Aussi l'Ankou ne la ramène-t-il pas à lui, quand il fauche ; contrairement à ce que font les faucheurs de foin et les moissonneurs de blé, il la lance en avant. »

Ainsi l'Ankou est un être mouvant, un relais que se passent chaque année les derniers défunts de décembre[2]. Graphiquement il est représenté comme un être sans âge, d'aspect non distinct puisque couvert par une cape, souvent noire (ou d'un linceul). Contrairement aux représentations squelettiques de la Mort, l'Ankou est la plupart du temps représenté comme un être de chair, puisqu'il a été homme un jour. Cependant, les figurations sculptées de l'Ankou de certaines églises le présentent en squelette aux orbites creuses, armé d'une flèche ou d'une faux.

Folklore[]

  • La nuit de Noël, nommée Nuit des Merveilles par les Bretons, il est dit de l'Ankou qu'il vient frôler de sa cape, durant la messe de minuit, ceux qui ne passeront pas l'année.
  • Le grincement de roues à l'extérieur d'une maison est supposé être le signe du passage du Karrigel an Ankoù et annonce la mort d'un des habitants de la demeure.
  • Le chant de la chouette est également connu comme une des manifestations de l'Ankou et un présage de mort. Cet oiseau est connu en Bretagne sous le nom de Labous an Ankoù, oiseau de la Mort.[3]
  • L'Ankou apparaît également dans un proverbe irlandais disant "Lorsque l'Ankou vient, il ne partira pas les mains vides."[4]

Étymologie[]

Le nom d'Ankou est à rapprocher des termes bretons pour les notions de chagrin (Anken) et d'oubli (Ankoun) associés à la peur de la mort. On retrouve également les racines protoceltiques[5] *anktu- assassin, coupable d'homicide, et *anku-, mort.

Sources et notes[]

Sources[]


Notes[]

  1. Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, Marabout, Paris, 2009, (ISBN 978-2-501-05410-2) pages 264,272,361,362
  2. On retrouve ce passage de relais dans certaines versions de la Chasse sauvage, notamment la Santa Compaña galicienne. Par ailleurs, le mythe de l'Ankou occupe dans le folklore de Bretagne continentale la place de la Chasse dans les autres régions d'Europe.
  3. Badone, Ellen (1987). "Death Omens in a Breton Memorate". Folklore (Taylor & Francis, Ltd.) p. 99
  4. "Ankou". The Element Encyclopedia of the Psychic World. Harper Element. 2006. pp. 25.
  5. Proto-Celtic English Wordlist (pdf)
Advertisement