Encyclopaedia Pagana


Pour les druides, les celtes, comme pour toutes les religions antiques, la mort était une partie naturelle des cycles d'existence des êtres et du monde. Selon cette conception, lorsque la vie physique cesse, l'âme visite d'autres lieux, expérimente dans l'autre monde. Les mythes et légendes celtes relatent comment l'âme des disparus demeure dans des îles fantastiques et mystérieuses; comme Avalon, ou se cache dans des tertres ou des cités sous-marines comme Ys, montrant ainsi que jamais les celtes n'envisagèrent la disparition de la vie après la mort.

Avalon, Tir Nan-Og, le Sid, vous voyez qu'on peut lui donner beaucoup de noms, mais cela au fil des légendes et comme vous le savez chez les celtes tout n'est qu'un…

Nous n'avons pas de description précise ni même très valable de l'autre monde des celtes, mais un texte grec parle des barques de pêcheurs qui servent à passer les âmes….

L'irlandais Sid signifie "paix", en gaulois "sedos" c'est-à-dire la "demeure des dieux". Sid signifie aussi tertre, colline.. Cela devrait vous rappeler l'histoire des sidhe, le peuple de Dana qui se réfugia dans les tertres…. Le Sid est à la fois la demeure des trépassés mais aussi des Dieux, ainsi toute classes supprimées: ce ne sont plus les dieux qui viennent aux hommes mais bien les hommes qui vont aux dieux… En irlandais tir tairngire signifie terre promise, tir na n-og pays de la jeunesse, tir na mban pays des femmes, tir na mbeo pays sous les vagues, tir sorcha pays de la béatitude, mag mell champs agréable. Dans les autres langues nous pouvons aussi trouver : caer siddi en gallois, sidh en anglais ou annw(f) encore en gallois qui signifie très profond ou pas profond, non-monde. Les motifs sont en gallois : caer eydyr château de verre, ynys wydrin île en verre, caer vedwit château de l'ivresse, Avalon, île aux pommes.

La localisation des 'side' n'est pas si difficile que cela, ses habitants ne sont soumis à aucune contrainte temporelle ni d'espace. Le soleil allant de l'est à l'ouest reste au sud toute la journée et c'est la moitié claire du monde : celle des vivants et des dieux lumineux (Lugh), le soleil allant de l'est à l'ouest pendant la nuit est au nord et c'est la partie réservée au Sid. Ce monde celui des trépassés reste pourtant accessible à certains vivants. Des héros, des êtres au destin extraordinaire. Sur ce thème nous regarderons du côté du Mabinogi dans les histoires de Branwen, fille de Lyr. A leur retour les enfants de Lyr restent 900 ans durant sous forme de cygne (cela ne vous rappelle-t-il pas le conte de la princesse et des douze cygnes??? elle qui tricote des pulls d'ortie et bien c'est une légende celte tirée du mythe des enfants de Lyr…) Dans le récit du voyage de Bran, fils de Febal, Cuchulainn… Les hommes ainsi souvent attiré par des femmes, peuvent subir une transformation, ils s'adaptent à ce monde. Tantôt ils y passent plusieurs jours sans n'avoir été absents que quelques minutes, tantôt ils croient être restés quelques mois ou quelques années et leur séjour aura en fait duré plusieurs siècles. Pour ce qui est de la localisation proprement dite, comme celle tant cherchée d'Avalon l'île aux pommes, l'autre monde où on traverse un lac pour se rendre vers un repos bien mérité, comme le fit Arthur, les tertres ont eux tenté d'être localisé par nos contemporains, toujours en quête d'une matérialisation des légendes, mythes et croyances… Ainsi on a pu y voir cité Newgrange qui est devenu la résidence du Dagda, ou bien des îles comme celle de Man ou l'île de Skye… Des récits irlandais nous pouvons en retirer ceci quant à sa localisation : par delà la mer, à l'ouest dans des îles immenses qu'on ne peut atteindre que par un voyage maritime, sous la mer ou au fond des lacs dans des palais d'or et de cristal dont l'entrée mystérieuse apparaît quelquefois, dans des collines et sous des tertres, là où vivent les sidhe qui y mènent la même vie qu'autrefois et se mêlent de temps à autre aux hommes.

L'autre monde celtique est très proche par sa conception et ses présences féminines, du Walhalla germanique et du paradis islamique. On ne connaît ni la notion de péché ni transgression, notions chrétiennes.

Entre le 13e et le 8e siècle avant J.C, le séjour des disparus dans l'autre monde était précédé d'une incinération mais cette pratique fut progressivement abandonnée au profit de la mise en terre dans des tombes. En Irlande, les rituels mortuaires comportaient la lustration du corps, l'inhumation, l'élévation d'une stèle, l'inscription du nom du mort en signes ogamiques, les lamentations chantées puis des jeux funèbres en l'honneur du disparu. On affirmait que c'était à l'occasion des grands brouillards que les entités circulaient entre le monde sensible et l'autre monde, car le brouillard impalpable mais visible représentait le mieux la porte du Sid que les âmes franchissaient en utilisant le reflux des marées. D'ordinaire selon les légendes bretonnes c'était l'Ankou, le passeur, qui leur faisait franchir le grand océan dans sa barque de nuit (bag noz) comme le faisait Charon sur les rives du Styx.

L'autre monde est invisible aux yeux des humains qui sont aveuglés par la réalité apparente des choses. Les humains n'ont pas le don des Tuatha de Danann, "celui de voir sans être vu". Le chemin vers l'autre monde est dangereux et nécessite le passage par diverses épreuves… Celui qui veut être initié doit passer par ces étapes. Le premier obstacle c'est ce qui est flou, inexistant, l'absence de localisation. Selon les légendes le chemin est étroit, plein de ronces, épineux, dangereux, sombre… il peut y avoir des rivières ou des torrents à franchir. L'humain dans le monde imparfait dans lequel il vit, doit mener une quête, une quête pleine d'embûches, de combats, de maladies, de doutes… il faut vraiment chercher la porte, vraiment être en quête, il faut savoir vaincre son propre désespoir, ses propres doutes… Briser le miroir, évacuer, enlever le voile de ses yeux, trouver la bonne lumière… Tel est le sens selon les druides de la vie humaine. Et l'on trouvera la porte. Et c'est avec la vue intérieure qu'elle nous apparaitra.

Voici une des histoires tirées du Mabinogi : "un jour Condla le rouge, fils de cent combats, cheminait avec son père lorsqu'une femme aux superbes atours s'approcha d'eux. À la question que lui posa Condla, elle répondit qu'elle venait du Sid où il n'y avait ni mort ni péché ; on y mangeait sans cesse en compagnie toujours agréable et on ne se disputait jamais. Le père ne pouvait pas voir la femme et demanda à Condla qui était son interlocutrice. Mais la belle répondit à sa place : Il parle avec une belle femme, jeune et de noble lignage, que ne menace ni la mort ni l'âge. J'aime Condla le rouge! Je l'appelle pour qu'il vienne dans le champ des délices, où règne éternellement le roi Boadag; son pays ne connaît ni détresse ni misère. Le père fit alors appeler son druide Coran, puisque tout le monde entendait ce que la femme disait mais que personne ne la voyait, hormis Condla. Le druide chanta si fort que personne n'entendit plus la femme. Elle disparut alors, après avoir donné auparavant une pomme à Condla. Pendant un mois, Condla ne but et ne mangea rien, si ce n'est de la pomme. Celle-ci ne diminua pas de volume et Condla sentit monter en lui le désir de revoir la belle. Alors qu'une fois de plus, il cheminait avec son père, il vit de nouveau la femme venir à sa rencontre pour lui parler. Une fois encore, le père appela le druide. Mais la femme mit en doute les compétences des druides et vit que leurs pouvoirs s'évanouiraient sous peu. Condla hésita et la femme chanta : (…) Tu as pourtant depuis longtemps envie d'y aller en traversant la mer. Laisse-nous partir vers le Sid de Boadag monte avec moi dans le bateau de verre… Quand elle eut fini de chanter, Condla sauta dans le navire. Ils partirent et on ne les revit plus jamais."

La mort pour les Celtes est le début d'une nouvelle vie, c'est pourquoi l'autre monde représente un monde humain transformé, peuplé d'êtres nés une seconde fois…

Pour en venir aux 4 "villes"… Au nord du monde donc, comme dit ci-dessus se trouve l'autre monde des Celtes, tout là-haut se trouvent les îles au nord du monde, qui sont au nombre de 4, ce serait l'origine des druides (du peuple des Tuatha de Danann), un druide habite sur chacune de ces îles. Où se situent ces îles… Bien il est fort probable qu'elles se situent dans l'autre monde.

Voici ce que nous trouvons répertorié dans le récit de la Bataille de Mag Tured qui décrit le premier habitat des Dieux : "Les Thuata de Danann étaient dans les îles du Nord du monde, apprenant la science et la magie, le druidisme, la sagesse et l'art. Et ils surpassèrent tous les sages des arts du paganisme. Il y avait quatre villes dans lesquelles ils apprenaient la science, la connaissance et les arts diaboliques, à savoir Falias et Gorias, Murias et Findias. C'est de Falias que fut apportée la Pierre de Fal (ou de souveraineté) qui était à Tara. Elle criait sous chaque Roi qui prenait l'Irlande. C'est de Gorias que fut apportée la lance qu'avait Lug. Aucune bataille n'était gagnée contre elle ou contre celui qui l'avait dans la main. C'est de Findias que fut apportée l'épée de Nuada. Personne ne lui échappait quand elle était tirée du fourreau de la Bodb et on ne lui résistait pas. C'est de Murias que fut apporté le chaudron du Dagda. Aucune troupe ne le quittait insatisfaite. Il y avait quatre druides dans ces quatre villes. Morfesae était à Falias. Esras était à Gorias. Uiscias était à Findias. Semias était à Murias. Ce sont les quatre poêtes de qui les Thuata apprirent la science et la connaissance."

Ces quatre îles préfiguraient à la partition en quatre de l'Irlande en 4 provinces : Caunnaught (Connacht), Ulster (Ulad), Munster (Mumu) et Leinster (Lagin).

Une cinquième province essentielle dans la mythologie celte n'est pas à négliger, comme dans l'existence de ces quatre îles : Meath, né du mythe de l'Omphalos ou du centre du monde, un prélèvement de chacune de ces terres.

Ce texte est dû à une jeune femme "nommée" Kare.